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1901-2001

Les auteurs de la pièce de théâtre (Ricardo Montserrat et Dominique Riquier) ont choisi de ne pas céder à la polémique en replaçant à notre époque des notions, des titres ou simplement des mots qui, parce que trop galvaudés, créeraient une grande incompréhension. ’’Comme pour ne pas oublier’’, est peut-être une des phrases qui soude ce théâtre d’intérêt citoyen.

L’action se déroule à la chambre. Celle des enfants, perdus dans leurs jouets ; la chambre à gaz ou à air ; ou en argot, la moquerie...

La structure de mise en scène bâtit l’arborescence burlesque-surréaliste des différentes journées-séances de cette dernière semaine précédant le vote de la fameuse loi. Quatre acteurs développent une langue de théâtre acide prise dans un chaos de signes simples : les voix sont tonitruantes, les accents taillés, les silences de glace, les visages et postures charpentés dignes des plus belles statues... Les ’’manipulateurs’’ s’emparent des techniques du masque, de la marionnette et du grimage pour un débat d’idées visionnaire et corrosif...
Les caractères deviennent ceux des seconds rôles chez Keaton : panoplie de personnages trop bien habillés, en sueur, trop gros, à tics, malins et bêtes à la fois, comme saisis entre naïveté, fougue et agréssivité. On gueule, on chante, on rit, les fauteuils claquent en s’usant... la partition est précise et musicale.

Il ne s’agit pas de reproduire une ambiance que nous n’avons pas connue, mais plutôt de développer un cadre qui permette au public de s’imaginer cette effervescence.
Au-delà de l’Histoire germe la volonté de réinterrogation du rôle du politique.
Comment ne pas comparer les charismes, les sincérités, les passions, les culots et les erreurs de ces hommes, engagés sans demi-mesure dans leurs hautes responsabilités, avec ceux de nos contemporains ?
Le citoyen / le politique / l’artiste de théâtre... une trinité en révolution permanente, cherchant par glissements successifs, sa place, son rôle, son pouvoir. Où en sont ses droits, où en sont ses devoirs ?

L’affirmation d’un geste d’art à cet endroit du politique-historique crée une dynamique furieuse qui échappe aux eccueils des mauvais récits ou de la fausse littérature.
Comme il est inquiétant de recevoir la modernité et surtout l’actuallité de ces mots et pensées de... 1901. Nous ne sommes pas encore devenus quelque-chose face à l’Histoire de l’humanité.
Faudra-t-il se battre encore longtemps ? Toujours ?

Par opposition, et comme ligne dramaturgique du spectacle, la défense jusqu’au-boutiste des idées, tantôt polémiques tantôt illuminées, reste le fondement de l’écriture et des enjeux du plateau. La notion d’association est disséquée et fait alors se côtoyer avec délice le politique et le philosophique, le libéral et le religieux, le commercial et l’humain, l’ancien et le moderne, le sérieux et le puéril...

Texte: Ricardo Montserrat, Dominique Riquier
Mise en scène: Charlie Windelschmidt
Assistant mise en scène. Fabien André
Avec: Fabien André, Farid Bouzenad, Laurent Fernandez, Geoffroy Mathieu, Julie Berès, Prunella Rivière, Delphine Simon
Direction technique / lumière: Michel Bertrand
Son / régie générale: Jean-François Thomelin
Scénographie / construction: Daniel Fréçon
Costumes: Philippe Serpinet
Plasticienne: Christine Marcoux
Régie lumière: Sébastien Bouclé, Eugène Egle-Corlin

Production: Compagnie Dérézo avec l’aide du Conseil Général du Finistère et de la Ville de Brest