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Ce que voient les oiseaux s’envolent pour Paris

Publié le 9 juin 2021

La réalité est une fiction comme les autres

Cette semaine, nous sommes en résidence de recherche sur la Place de la Nation, à Paris du 07 au 13 juin 2021 ; Avec Art’R, lieu de fabrique itinérant pour les arts de la rue à Paris et en Ile-de-France.

Le principe est simple : les spectateur·trice·s immobiles observent un espace urbain précis depuis un observatoire, équipés de casques audios et de masques FPV (écrans sur le nez, tenus à la main comme des jumelles). Face à eux, trois interprètes eux-mêmes équipés de micro-caméras embarquées évoluent dans le flux de la ville comme elle va. Dans les casques, un musicien joue en direct sur les voix des comédiens, tout en traitant les sons de la rue. Dans les masques, un vidéaste mixe en direct les images captées des visages, les gros plans sur les détails (invisibles à l’oeil nu) de la rue, avec une série de phrases, de dessins, de pictogrammes (etc.) qui apparaissent sur ce « tableau de bord » que devient alors ce masque.

Nous sommes, spectateur·trice·s, invités à considérer la rue avec ou sans ce masque. Dans cet aller-retour, et par association libre, nous pouvons témoigner qu’une chose se trame en tâche de fond de « la réalité », au vu et au su de tous ceux et celles qui passent, vivent, travaillent par-là. L’action se déroule toujours dans le champ de vision du public, et inclut tous les indices qui la composent : architecture, codes la route, publicités, véhicules, corps... Nous assistons donc à une séquence dans un dispositif atypique que nous avons choisi de nommer : « Procédé théâtral camératique ».

Cette expérience contemplative est d’abord la construction fine d’une poétique urbaine au coeur même de ce que nous avons pris l’habitude de nommer « réalité ». Celle-ci devenant de fait notre dispositif scénique. Capable de se laisser faire par l’inopiné de la ville en mouvement, notre spectacle, fut-il poétique, sera hybride. Il aura à voir avec le cinéma, avec le théâtre et avec la performance, sans pour autant se revendiquer d’un de ces trois genres.

Les trois textes (trois séquences distinctes de vingt minutes) sont commandés à trois autrices brestoises : Jessica Roumeur, Lisa Lacombe et Morgane Le Rest, habituées à saisir dans leurs narration l’atypisme de nos propositions.

« Résumons :
Chaussons pour vingt minutes un casque et une paire de jumelles pour vivre une immersion cocasse.
Qui, de la ville ou de moi, habite l’autre ? (Ici ville peut être remplacé par langue).
La ville est un manège au fronton duquel il est écrit « réalité » ; il suffit de monter dedans.
Abandonnons au plus vite la recherche de l’efficacité maximale, pour ne plus vivre la ville telle qu’on nous la présente, mais la façonner pour nous-mêmes.
Nous, les habitants.
Intime, politique. »

Charlie Windelschmidt