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Débordements I

Le public entre dans un espace tri-frontal où la lumière chaude baigne l’immense tapis de paille, il n’y a ni coulisses, ni loges, nous sommes à ciel ouvert. Les spectateurs passent des deux côtés d’un vieux totem en bois très haut, posé là, comme oublié. Certains prennent place sur des gradins en bois brut, d’autres s’assoient sur des coussins brodés d’extraits du texte : ’’Wo Ai Ni’’, ’’Les amoureux n’ont rien à craindre’’, ’’Douze dalles’’... Le décor sonore est celui des tailleurs de pierre, qui résonne au loin : les ouvriers sont-ils en train de repaver la place Tienanmen, à quelques mètres de là ?

Naissance des conteurs : les trois figures surréalistes, comme des clowns, racontent avec humour et poésie l’épopée de Jia Wu, dont la fiancée s’est fait écraser par un char lors des manifestations étudiantes place Tienanmen à Pékin. La quête de ce chinois amoureux est contée avec ou sans mots : les ’’visuels’’ muets, colorés et tendres, les images en marche nourrissent le rêve et l’imaginaire de chacun quand le texte a disparu.

On pense à la danse, on voit des tableaux, des pénombres, des clairs-obscurs ; entre spectateurs et acteurs un régisseur manipule à vue les projecteurs et toutes sortes d’objets lumineux. Tout est matière : le bois, le papier, le tissu, le corps des acteurs, la lumière, le son, le texte ; la mise en tension de tous ces matériaux se synthétise en un précipité de sens singulier : Jia Wu n’en finit plus d’aimer, sa quête est celle de toute une vie, de toute l’humanité, peut-être...

Texte: Roland Fichet
Mise en scène: Charlie Windelschmidt
Collaboration artistique: Prunella Rivière
Avec: Maria Bergès, Sophie Le Tellier, Karim Kadjar
Plasticienne: Juliette Barbier
Lumière: Michel Bertrand
Son: David Segalen
Plateau: Michel Gueldry
Régie lumière: Mathieu Ferry
Régie son: Jean-François Thomelin

Production: Compagnie Dérézo, de la DRAC Bretagneet duConseil Général du Finistère de l’Adami avec le soutien du G.A.C.O