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1968-2008

Mai 68 en Bretagne : une jeune étudiante finistérienne et un jeune instituteur rennais décident de tenter de vivre l’événement qui leur tombe dessus, sans qu’ils y soient préparés. Mais, de toute façon, comment auraient-ils pu s’y préparer ? Comment prévoir l’imprévisible de la vie et du monde ? Alors ils vont s’aimer, ils vont agir ensemble, ils vont essayer de participer à ce monde en train de bouger : ils vont essayer de faire ce qu’ils peuvent. Mais au bout du compte ils vont finir plus malheureux qu’ils n’ont commencé. La faute à qui ? Est-ce qu’ils sont idiots, méchants, maladroits ? Orgueilleux, déments, schizophrènes ? Non : c’est juste qu’une structure collective pèse sur eux et les fait trébucher, parce qu’ils en ignorent tout autant l’existence que le fonctionnement. Ils ignorent la puissance — de vie et de mort — de la transmission de l’origine ; ils ignorent qu’ils ne peuvent pas venir de nulle part et que leur volonté ne suffit jamais pour les arracher à leur propre origine.

Eh bien, c’est vraiment dommage, mais c’est comme ça !
Heureusement, les humains ne sont pas toujours seuls pour résoudre leurs complexes affaires. Dans L’amour et la violence, un homard en aluminium de 2,46 m de long dira à ces jeunes gens déroutés par le réel les leçons qu’ils pourraient tirer de ce qui leur arrive. Ils en ressortiront plus libres, qui sait.

L’amour et la violence campe des jeunes gens aux prises avec les événements de Mai 68. Événements : effectivement, il se passe quelque chose en mai 1968, et les personnages le sentent bien mais n’arrivent pas toujours à en faire quelque chose, pour eux-mêmes et pour le monde. Comment saisir la dimension politique de Mai 68 lorsqu’on n’a jamais eu d’éducation politique ? Comment réussir à faire germer en soi la révolution quand on n’est pas prêt à faire de sa propre vie une vie révolutionnaire ? Comment transmettre la beauté et la puissance des événements quand on n’a jamais appris à transmettre ? Vivre en mai 1968, c’est donc aussi passer à côté de ce que plus tard on appellera Mai 68 : c’est manquer, rater, vivre de manière brouillonne et mal ajustée l’événement, et ne pas toujours savoir mettre les mots sur ce qui se passe.

Texte : Laurent Quinton
Mise en scène : Charlie Windelschmidt
Avec : Véronique Héliès, Lisa Lacombe, Lionel Jaffrès
Lumière : Sabine Hulin
Construction : Simon Beillevaire, Chloé Gazave
Couture : Maëlle Gueguen

Du Conseil Général du Finistère