Les Paper Men arrivent à pied. Ils portent des cannes en bois et des rouleaux de papier. Ils parlent une langue qui n’est pas la nôtre. Sous l’œil émoustillé des badauds qui se rassemblent, ils reconstituent l’ossature de bois du pachyderme de papier Lùbia. Après 10 minutes de corps à corps avec ces ’’os de bois’’, les Paper Men vont l’habiller de sa robe blanche. Au signal du dompteur, Lùbia se réveille : 7 mètres de hauteur, 10 mètres d’envergure, muette, yeux bleus...
L’œuvre d’art se situe aussi dans ce geste performatif qui est la contraction intense de l’éphémère : quelques bouts de bois et de papier, pour ainsi dire rien, afin de donner naissance à un objet ludique géant capable de bouleverser notre espace quotidien sans céder aux instances du beau et du compréhensible ; puis, en un soupir, s’évaporer comme si le réveil s’était mis à sonner.
Le mystère, l’étranger, le plus grand que nous, l’ancien dans le nouveau, le sacré, l’artisanal, le poétique, la pirouette hypnotique dangereuse... réunis pour une métaphore grinçante de nos destins de manipulés. Zoologique.
Conception / direction : Charlie Windelschmidt
Avec : Fabien André, Julie Berès, Farid Bouzenad, Steeve Brudey, Vincent Cabioch, Safiya Cotonnec, Laurent Fernandez, Lisa Lacombe, Geoffroy Mathieu, Prunella Rivière, Béatrice Roué, Nicolas Sarrasin, Owen Sichez, Delphine Simon, Sofie Szoniecky, Maëlle Thibault, Charlie Windelschmidt
Coproduction : Compagnie Dérézo, La Filature, Scène Nationale de Mulhouse